L’intelligence artificielle avec l’outil Paved dans la lutte contre les cambriolages, les vols de véhicule et les petits délits, opportunité ou danger ?

L’intelligence artificielle (IA) se développe de plus en plus dans de nombreux domaines et dans différents pays. Aujourd’hui, on en entend beaucoup parler dans le milieu médical suite à la pandémie mondiale de la COVID 19. En effet, l’IA met en place des applications de traçage des cas contacts potentiels par le biais de l’application mobile AntiCovid par exemple, la distribution de médicaments par drones, la télémédecine mais aussi les algorithmes complexes qui servent à aider la recherche et diagnostiquer correctement le virus. Un article récent datant du 13 Novembre 2020, de l’institut Montaigne illustre parfaitement ce propos : https://www.institutmontaigne.org/blog/lintelligence-artificielle-contre-le-covid-19-ameliorer-la-recherche-et-accelerer-le-diagnostic

L’IA est également très convoitée par le Ministère de l’Intérieur dont les deux principales forces de sécurité, la Gendarmerie Nationale et la Police Nationale, cherchent à la faire cohabiter avec leurs effectifs humains. En effet, en 2016, la Gendarmerie a testé dans le département de l’Oise, le logiciel de police prédictive Predvol, qui consistait à indiquer les zones à risques dans le cadre du vol de voitures afin d’anticiper, de reconnaitre et de dissuader les actes des délinquants. Étalab, le blog officiel dédié au partage et à la valorisation des données publiques propose un descriptif complet du logiciel. Cependant les premiers essais n’ont pas été concluants car les algorithmes ne fixaient pas forcément les objectifs recherchés par les forces de l’ordre.

Capture d’écran offrant un aperçu du logiciel Predvol © Le blog d’Étalab

Pour ne pas rester sur un échec, et conscients de l’aide précieuse que l’IA peut fournir aux forces de police et de gendarmerie, les pouvoirs publics ont mis à leur disposition un nouveau logiciel d’analyses prédictives de la délinquance appelé Paved. Ce nouvel outil créé par les gendarmes permet d’accéder à une carte de France faisant ressortir les points chauds diagnostiqués correspondant aux cambriolages, aux atteintes aux biens et aux vols de véhicules.

Ce nouvel accessoire informatique fonctionne grâce aux données internes de la gendarmerie et de la police en les recoupant avec les données socio-économiques de l’INSEE. Pour des raisons de sécurité et de libertés individuelles, ces éléments regroupés font l’objet d’un anonymat afin de garantir la protection de la vie privée des personnes.

L’intelligence artificielle, beaucoup en parlent, mais en quoi cela consiste vraiment ?

Pour commencer, donnons une définition. D’après le dictionnaire Le Robert, l’Intelligence artificielle (IA) est « l’ensemble des théories et des techniques développant des programmes informatiques complexes capables de simuler certains traits de l’intelligence humaine (raisonnement, apprentissage…) ». C’est ainsi que pour des raisons sécuritaires, les forces de l’ordre s’intéressent sérieusement à l’usage de ces logiciels en interne depuis quelques années, afin de faciliter leur travail, de s’opposer à la délinquance et à la violence mais aussi de réduire les erreurs judiciaires.

Les bienfaits et les opportunités de l’IA dans la lutte contre la petite délinquance

L’IA est utilisée ici comme un outil de prévision. Ce logiciel regroupe en effet des années de statistiques de cambriolages et de délits d’atteintes aux biens en fonction de la région, de la commune, du quartier ou du secteur. Il tient compte de la population résidente et permet d’entériner les éventuels délits que peuvent commettre les délinquants spécialisés dans ce genre de méfaits.

Ces nouveaux logiciels permettent d’orienter les patrouilles de vigilance des gendarmes sur des secteurs à risques et parfois même un simple contrôle routier dans un quartier ciblé permet de dissuader les malfaiteurs. C’est dans cette optique, que les gendarmes se félicitent de l’usage de l’IA dans leurs métiers, leurs permettant considérablement de réduire la délinquance dans certains quartiers. On peut notamment le constater au sein des 11 départements pilotes de ce nouveau protocole selon l’article publié sur le site de Data Analytics Post datant du 28 Mai 2020, qui a permis d’affirmer ce résultat.

Les limites et les dangers que cela représente pour la population dans le cadre des libertés individuelles

Cependant, le logiciel Paved rencontre aussi de nombreuses limites. En effet, la présence de gendarmes dans certains quartiers ciblés ne résout pas entièrement le phénomène de délinquance et l’usage de l’IA favorise donc le déplacement de ces individus vers d’autres secteurs qui ne sont pas encore détectés par l’application.

La population, lorsqu’elle est interrogée, ne cautionne pas forcement l’utilisation systématique de l’IA, même si elle est employée uniquement à des fins de sécurité et de protection du citoyen. En effet, beaucoup pensent que cette pratique peut violer leurs droits fondamentaux de liberté, et ne connaissant pas ses limites, ils vont imaginer que grâce à l’IA les forces de gendarmerie et de police peuvent en permanence connaître la position et les faits et gestes de chacun.

Dans d’autres pays, l’utilisation de l’IA est beaucoup moins encadrée qu’en France et est utilisée dans de nombreux domaines. Ces États ne disposent pas d’un organisme aussi représentatif et puissant que la Commission Nationale de l’Informatique et des libertés (la CNIL ) qui surveille efficacement toute utilisation de l’IA. C’est pour cela, que la France a d’ores et déjà statué sur le fait de ne pas introduire la reconnaissance faciale issue de l’intelligence artificielle dans notre pays car le principe serait contraires aux principes du règlement général sur la protection des données (RGPD). En effet, les libertés individuelles seraient atteintes et par ailleurs la technologie présente dans ce système n’est pas encore assez développée pour en garantir la fiabilité. Par exemple, les algorithmes ne parviennent pas encore à identifier à 100% les individus de couleur comme dans l’affaire du Michigan où un homme a été injustement accusé, suite à l’usage de ce dispositif, alors qu’il était innocent.

L’intelligence artificielle dans quelques années …

D’autre possibilités sont ouvertes et s’offrent à l’utilisation de l’IA. En effet, on peut imaginer pouvoir également lutter efficacement contre la délinquance routière en ciblant les itinéraires ou les contrevenants qui s’adonnent à des pratiques contraires à la loi.

L’IA pourra également avoir toute sa place dans le cadre de la répression sur les trafics de stupéfiants afin d’aider à tracer le transport de ces produits, leurs commercialisations ou de leurs diffusions illicites. Il sera judicieux d’n déterminer une utilisation appropriée. En effet, à l’aide de logiciels performants, il devrait être possible de cibler, dans les quartiers sensibles, les points de vente des dealers et ainsi intervenir afin de réduire l’importance de ces méfaits.

L’intelligence artificielle est une avancée considérable dans la technologie d’aujourd’hui, et le fait qu’elle soit mise en pratique pour assurer la sécurité des citoyens du pays est une bonne chose. Cependant, chaque innovation en matière d’IA avec la création de nouveaux outils comporte encore de nombreuses limites. En effet, elle ne peut actuellement pas œuvrer seule face aux délits de certains individus, et doit encore être assistée par l’intervention de l’homme. Cette surveillance se trouve être nécessaire car l’IA aurait de temps en temps tendance à porter atteinte aux libertés individuelles et aux droits fondamentaux. Par exemple, les formulaires en ligne nécessitent des réponses concernant la vie privée des internautes et la collecte de ces informations constitue un danger. La réutilisation de ces données doit être très encadrée afin de respecter les libertés individuelles de chaque individu.

Océane COLNÉ

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